La valeur éducative et scientifique du domaine public

Micheline Tremblay
Jour 8 du Calendrier de l’avent du domaine public 2020

Les membres du Café des savoirs libres s’activent en coulisse pour célébrer quelques grandes figures de la littérature, des Beaux-Arts, de la science, du journalisme ou de la politique dont les œuvres sous droit d’auteur s’élèveront dans le domaine public canadien dans quelques jours.

Il s’agit là d’un patrimoine inestimable et nous le tenons souvent un peu trop pour acquis. Ces calendriers sont pour nous une façon de le célébrer mais aussi de rappeler à quel point il est précieux — à quel point, plus que jamais, il est important de nous mobiliser afin de le protéger.

Micheline TremblayJe voudrais dire un gros merci du fond du cœur à Micheline Tremblay, ex-professeure de littérature canadienne française à l’Université Laurentienne, autrice et romancière, qui m’a très gentiment reçu la semaine dernière. Deux jours plus tôt, elle emménageait avec son époux dans une belle maison de retraite où ils passeront tous deux — je le leur souhaite! — des jours heureux. Le petit reportage qui suit est pour nous une première, mais certainement pas le dernier. Accrochez vos tuques, cliquez et c’est parti:

Madame Tremblay rejoint ainsi le petit groupe de chercheurs qui, aux côtés de bibliothécaires et autres passionnés de l’édition, s’intéressent et participent à ce travail de mémoire. Car, non seulement est-il possible (que dis-je, souhaitable!😄) d’utiliser nos Calendriers dans le cadre de toutes sortes d’activités pédagogiques, il n’est pas interdit d’y participer d’une manière ou d’une autre. Par exemple:

  • Préparation (personnelle ou collective) de notules et billets;
  • Création, correction ou enrichissement de pages Wikipedia;
  • Libération de droit sur des des articles, ouvrages ou documents;
  • Co-création (comme ici) de nouveaux contenus audio ou vidéo.

Hier, en réunion avec Marie et Pierre, nous nous disions qu’il faudrait inviter systématiquement des profs et des chercheurs, de tout niveau, à prendre en charge certains de nos « entrants » ou, au minimum, à collaborer avec nous dans leur célébration, comme l’a si bien fait Micheline Tremblay.

D’ailleurs, tout le monde y gagne! Nous, bien sûr, qui enrichissons ainsi la valeur éducative et médiatique de nos Calendriers, le public qui nous suit, qui découvre, qui réfléchit, mais également les chercheurs et enseignants eux-même qui bénéficient d’une perspective différente. Ils ont la possibilité d’y glaner des données, des réflexions, des angles auxquels ils n’avaient pas encore pensé.

Ainsi, hier matin, après avoir lu mon billet sur Virginie Dussault, Madame Tremblay m’a écrit ceci:

WOW! Quel beau travail. Vous m’avez appris beaucoup de choses sur Virginie Dussault et je regrette de ne pas avoir poussé plus avant, à l’époque, mes recherches. Je vous félicite et, croyez-moi, cela m’a incitée à parcourir d’autres textes du Café de savoirs libres. Merci encore.

À mon tour de dire « Wow! ». Qui suis-je pour donner des leçons à une professeure d’université mille fois plus au fait que moi de son sujet?

Comprenons bien que le travail d’analyse littéraire qu’elle a effectué dans le cadre de ses fonctions universitaire puis lors de la réédition du roman de Virginie Dussault, en 2003, reste la base précieuse et incontournable de notre compréhension contemporaine de l’œuvre de cette dernière. Reste qu’au début du 21ème siècle, les outils de recherche numériques que nous prenons aujourd’hui pour acquis, eux aussi, n’existaient pas.

Grâce aux collections numériques de Bibliothèques et Archives nationales du Québec, il est devenu beaucoup plus facile d’élargir le champ de nos recherches en les recoupant avec des observations relevant non pas seulement de la littérature, mais également de l’histoire ou d’autres disciplines. Même pour un profane ex cathedra comme moi. Cet outil est également très précieux. Lui aussi, nous devons le protéger.

Si ce genre de trouvaille et d’enrichissement de nos savoirs anciens est encore possible, c’est grâce à l’accessibilité des œuvres et travaux du passé. Personnellement, j’ai été quelque peu déçu de ne pouvoir consulter la thèse de doctorat de Guildo Rousseau qu’en sortant ma carte de crédit, alors qu’elle a été cofinancée par les impôts des Québécois et ne recèle pas vraiment de valeur commerciale. Pourquoi barrer ainsi les chemins du savoir? Cette thèse est à la fois un objet scientifique et un bien commun qui devrait être accessible à tous!

À bon entendeur, salut… et à demain matin pour un nouvel « entrant ! 🙂