Il y a moins deux mois à peine, les Canadiens se réjouissaient d’apprendre que l’exemption culturelle canadienne serait maintenue dans le nouveau traité de libre échange nord-américain. Paradoxalement, cette exception ne s’appliquera pas à la durée du droit d’auteur. Le Canada s’engagerait donc à imiter l’Europe et les États-Unis en adoptant le modèle, aligné sur la propriété industrielle, de redevances à « vie+70 ans » au lieu de la norme internationale de « vie+50 ans » à laquelle le Canada restait fidèle jusqu’ici.
Comme il fallait s’y attendre, les « ayants droit », essentiellement constitués d’industries culturelles et de descendants d’artistes, s’en félicitent. En revanche, les bibliothécaires, enseignants, adeptes du remix, passionnés des communs numériques, militants du libre accès et des savoirs libres ne sont pas de cet avis. Les avantages financiers supplémentaires de cette surprotection ne se comparent pas aux immenses bénéfices que les milieux de l’éducation, de l’économie durable et solidaire, les usagers/créateurs et même les créateurs/artistes tirent actuellement du libre accès aux œuvres d’un passé encore pas trop lointain.
Des créations toujours vivantes car librement accessibles!
Le Calendrier de l’avent du domaine public 2019 📚 Édition québécoise pourrait donc être l’avant-dernier (voire le dernier1) permettant de [re]découvrir 31 créateurs et créatrices décédés il y a 50 ans et, de ce fait, dont les œuvres entreront dans le domaine public du Canada le 1er janvier prochain. Les 31 notules que vous découvrirez, jour après jour, du 1er au 31 décembre porteront en filigrane la charge de notre inquiétude et de notre réflexion autour de cette problématique. Nous en reparlerons.
Voilà pour le café. Côté cuisine, la publication de ce calendrier annuel reste un exercice délectable et périlleux:
- Délectable, parce que les bibliothécaires et/ou passionnés d’information que nous sommes ont plaisir à effectuer ces recherches, à compiler les sources, à lever le voile sur des œuvres et des vies parfois injustement méconnues. 🤓
- Périlleux, car notre « organisation » est, il faut bien le dire, des plus sommaires. À quelques jours des fêtes de fin d’année, malgré les meilleures intentions du monde, nos contributeurs ont la fâcheuse tendance à se mettre au travail à la dernière minute, provoquant parfois des éruptions de sueur froide au front des éditeurs du site! 😨
Le service quotidien sera assuré par une fine équipe de forts de café:
- En cuisine, Pierre Choffet assure l’hébergement du site, la sécurisation et la maintenance de sa machine virtuelle;
- Au bar, Pascale Félizat-Chartier assume le poste délicat (et souvent ingrat) de coordinatrice éditoriale;
- En salle (de rédaction), enfin, je gère la plateforme WordPress et assure l’intégration et/ou la révision des contenus avant publication.
Ce noyau dur manquerait cependant de chair sans le travail ludique et bénévole, certes, mais remarquable et conséquent fourni par nos contributeurs. Merci à ces wikipédiens au long cours — Charles Choffet, Charles-Edouard Martel-Marquis, Danielle Noiseux, Jean-Michel Lapointe, Jean-Pierre Marquis, Josée Plamondon, Lëa-Kim Châteauneuf, Marie D. Martel, Marina Gallet, Mathieu Gauthier-Pilote — ainsi qu’aux petits derniers qui voudront bien leur prêter main forte. En contribuant ainsi, modestement mais sûrement, à la valorisation de savoirs communs librement accessibles, ils nous donnent de l’air pour respirer et de l’espoir pour vivre.
Pendant ce temps-là, avec 20 ans de retard… 😉
Si vous êtes friands de littérature, d’art et de création, ne manquez pas non plus de suivre le Calendrier de l’avent du domaine public français, réalisé par les membres du collectif SavoirsCom1, d’après une idée de Julien Dorra que nous n’avons pas hésité à remixer dans un contexte.québécois à partir de décembre 2015. Même si leurs nominés ont disparu 20 ans avant les nôtres, force est de reconnaître que leurs œuvres se sont bien conservées et gagnent, elles aussi, à être revisitées.
Notes et liens complémentaires
- L’Accord Canada–États-Unis–Mexique (article 20.90.4.d) du 30 novembre 2018 donne au Canada deux ans et demi, soit jusqu’au 30 mai 2021, pour se conformer à cette disposition.